Résumé

L’histoire des coopératives : une belle histoire vécue dont il est important de se souvenir ! Car ô combien on peut y retrouver aujourd’hui une inspiration forte pour nos démocraties et les développements économiques futurs, notamment dans le domaine de la coopération. Entre la fin du XIXe siècle et le début XXe, idéologie et innovation économique allaient de pair, de nouveaux réseaux de production et de consommation se constituaient, avec des valeurs et un engagement politique assumé pour transformer la société. Socialiser l’économie et la production pour répondre aux besoins des travailleur·ses, tels étaient les principes coopératifs partagés par le mouvement socialiste belge qui, à la même période, à travers le Parti ouvrier belge (POB), cherchait à obtenir de nouveaux droits sociaux et politiques, par la prise du pouvoir et l’obtention du suffrage universel (mais que pour les hommes). Ainsi, l’histoire des coopératives, en particulier la coopération socialiste en Belgique, peut résonner avec l’actualité dans l’idée de produire et consommer autrement. Cette étude vous propose de replonger dans cette histoire forte de nombreux enseignements sur comment reconcevoir l’action politique et transformatrice de la société par la coopération.

L'auteur

Jean-François DRAPERI est docteur en géographie rurale. Fondateur du Centre d’économie sociale Travail et société (CESTES) au Cnam et rédacteur en chef de la Revue internationale de l’économie sociale (Recma) de 1997 à 2021. Co-président du groupe de recherche-action Acte 1 (Acteurs, chercheurs en économie sociale et solidaire). Il est notamment l'auteur de Rendre possible un autre monde.

Extraits

Entre la fin du XIXe siècle et le début XXe, idéologie et innovation économique allaient de pair, de nouveaux réseaux de production et de consommation se constituaient, avec des valeurs et un engagement politique assumé pour transformer la société. Socialiser l’économie et la production pour répondre aux besoins des travailleur·ses, tels étaient les principes coopératifs partagés par le mouvement socialiste belge qui, à la même période, à travers le Parti ouvrier belge (POB), cherchait à obtenir de nouveaux droits sociaux et politiques, par la prise du pouvoir et l’obtention du suffrage universel (mais que pour les hommes). Ainsi, l’histoire des coopératives, en particulier la coopération socialiste en Belgique, peut résonner avec l’actualité dans l’idée de produire et consommer autrement. Cette étude vous propose de replonger dans cette histoire forte de nombreux enseignements sur comment reconcevoir l’action politique et transformatrice de la société par la coopération.

page 8 (Préface d'Orville Pletschette)

La Belgique est le pays qui, plus que tout autre, a conçu, pratiqué et réfléchi la coopération comme un mouvement créateur de liens sociaux et de richesses économiques au bénéfice de l’ensemble de la population plutôt qu’un mouvement bénéficiant qu’aux seul·es coopérateur·rices. La coopération y est à la fois privée, c’est-à-dire initiée par des personnes physiques issues de la société civile, et publique, lorsqu’elle associe des collectivités publiques telles que les communes, les régions et l’État. Cette idée n’est certes pas propre à la Belgique, mais elle a irrigué ici les pratiques coopératives comme nulle part ailleurs. Cette hypothèse est née de l’observation des coopératives belges entre 1860 et 1914. Plus d’un siècle s’est écoulé depuis qu’eut lieu cette effervescence coopérative et elle appartient à l’histoire mais son actualité reste intacte.

page 13

La Belgique est sans doute le pays européen où les coopératives ont conçu une façon originale de réaliser ce projet de transformation sociale et économique, au moment où le mouvement coopératif international y renonçait. Comment ? Précisément en soutenant l’idée que les coopératives ne sont pas seulement des entreprises vouées à changer l’économie, qu’elles sont également et avant tout des associations de personnes ambitionnant de vivre autrement. Autrement dit, la coopérative et son économie sont conçues comme le moyen d’un changement plus large, de nature sociale et culturelle. Si un caractère singulier devait être retenu à propos de la coopération en Belgique, ce serait ainsi le rapport étroit entre la finalité sociale de la coopérative et l’intérêt général.

pages 21-22

Les Maisons du peuple associent les coopératives – surtout des boulangeries pour commencer – et les communes. Le modèle le plus abouti est le Vooruit (« En Avant » en néerlandais), fondé à Gand en 1880, dont l’exemple va inspirer des dizaines de Maisons du peuple, comme celle de Bruxelles, et, à l’étranger, celle de Saint-Claude (Jura, France). L’importance des Maisons du peuple belges est directement liée au fait que les coopératives sont au centre de la conception du socialisme du Parti ouvrier belge qui, à la différence des partis socialistes des autres pays d’Europe, va garder une forte empreinte proudhonienne.

page 39

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